Organisateurs : FOKAL et Comité Devoir de mémoire – Haïti
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Le 12 novembre 1964 à sept heures quarante du matin, contre le mur nord-ouest du cimetière de Port-au-Prince, deux jeunes originaires de la Grande-Anse, Louis Drouin et Marcel Numa tombaient sous les balles d’un peloton d’exécution des Forces Armées d’Haïti. Des centaines d’écoliers amenés sur ordre de François Duvalier ont assisté à l’exécution dont le film sera repassé tout au long de la semaine par l’unique station de télévision de Port-au-Prince. Des camions bourrés de gens, dont la plupart ignoraient le véritable but du trajet, venaient grossir la foule rassemblée près du cimetière. Les cadavres de Numa et Drouin sont restés à la vue de tous sous le soleil pendant plusieurs jours après l’exécution. Pour parfaire ce spectacle macabre, furent exposés également le jour de l’exécution, sur une chaise le cadavre de Yvan Laraque, identifié comme le commandant du commando, ainsi que les têtes coupées des corps inertes de Réginald Jourdan, Roland Rigaud et Guslé Villedrouin.
Dans son livre Papa Doc et les Tontons macoutes, Bernard Diederich dans "Papa Doc et les tontons macoutes" a commenté en ces termes l’action héroïque de ces treize jeunes en 1964 : "Ils sont allés au combat en vue d’un objectif précis portés par leur foi en l’avènement d’une nouvelle société dans leur patrie."
Une parodie de procès fut organisée par Duvalier dont l’issue était connue d’avance : la mort pour les opposants. Avant le procès et jusqu’au dernier moment de leur exécution, les Duvaliéristes offraient à Numa et Drouin la possibilité de se renier en échange de la vie sauve. Et particulièrement Numa qui avait dû subir les pressions de son père et de son beau frère, tous deux des duvaliéristes. Numa devait se désolidariser de Drouin pour que l’idéologie noiriste puisse être utilisée pleinement, à savoir que ce sont les mulâtres qui en voulaient au noir Papa Doc. Jamais, les deux n’ont cédé à un quelconque chantage, ils sont restés stoïques et fidèles à leurs convictions en acceptant de mourir dignement pour Haïti.